SLOW AVENTURES (6/7) - Surftrip breton (2024)

Rouler au volant d'un van en scrutant l'océan et en s'arrêtant là où l'ondulation semble la plus prometteuse, les cheveux au vent, bientôt délavés par le soleil et le sel... Plutôt un fief de voileux, la Bretagne s'affirme comme l'autre pays du surf. Elle s'y est mise bien après le Pays basque,où ce sport olympique est arrivé des États-Unis dès 1956. Mais elle a rattrapé son retard le long de ses 2 700 kilomètres de côtes très découpées, où cette pratique s'est largement démocratisée, devenue très familiale. De là à parler de Kerlifornie, comme le vantait une campagne en 2020, jouant sur le mot «ker», « petit bourg » en breton?« Lacomparaison avec l'Irlande serait plus juste, le spot au plus grand potentiel en ce moment en Europe et qui attire les surfeurs du monde entier, même de Hawaii, où est née cette discipline,tranche le BigoudenThomas Joncour, ancien vice-champion de surf seniord'Europe.Nos plages bretonnessont restées sauvages, peu urbanisées, à l'eau parfois couleur Caraïbes. Orientées différemment, elles permettent de varier les sessions selon le vent, la marée et les courants. »Son conseil pour la bande-son de ce surftrip : le punk celtique des Dropkick Murphys, du Massachusetts, musique plus raccord avec la rudesse locale que les douces vibrations deSurfin' U.S.A.des Beach Boys...

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La Torche, berceau du surf celtique

Thomas Joncour a monté son école, 29Hood Surf Club, à Penmarc'h, dans le Finistère, tout près de la Torche, le berceau du surf breton, dans le sud de la baie d'Audierne. C'est là que les premiers clubs étaient apparus en 1987. Là où une houle d'ouest crée toute l'année un « beach break » mondialement connu, une vague qui se brise sur un fond de sable. La plage bordée de dunes se révèle parfaite pour lesexperts comme pour les novices qui se joignent aux nuées de pingouins en Néoprène, dans une eau à 18 degrés (enfin !) en ce début août. Sur le parking, les camions arborent des plaques d'immatriculation de toute l'Europe, les combinaisons suspendues au rétro pour sécher. Tous se saluent d'un « shaka », ce geste originaire de Polynésie qui, doigts repliés, auriculaire et pouce en l'air, signifie « relax, détends-toi », le mantra de cette slow aventure... Il y a du « swell », comprenez que les vagues se forment. On sort la planche du van ou du cam - le camion - pour se mêler aux grappes de surfeurs en quête d'une « bombe », la plus belle déferlante d'une série de vagues.

Leçon de surf avec la Ty School à Belle-Île.(Crédits : © LTD / GRÉGORY STEPHANT)

Rincé, on partage une bière devant son Combi Volkswagen, bien installé autour d'une table pliante à l'heure du coucher de soleil. Le hayon levé laisse apercevoir le coin couchette et la grosse couette pour une nuit face au large. Le lendemain, on repart « cruiser » - se déplacer selon le jargon très anglicisé du surf... La valeur sûre pour un « hold up » (une bonne vague) : la presqu'île de Crozon. Comme au bout du monde, la plage de la Palue se niche au creux du promontoire qui sépare la rade de Brest de la baie de Douarnenez. Ce spot large de 2 kilomètres reste réservé aux bons surfeurs qui peuvent y « tuber » - être recouverts par la lèvre de la vague... À proximité, les rouleaux de Kerloc'h, Lost- marc'h et Goulien représentent un bon plan de repli.

Annaëlle, vague de contes et légendes

Au nord, le périple peut se poursuivre jusqu'à Locquirec, toujours dans le Finistère. Entre les deux, les grands aventuriers rendent visite à Annaëlle, une vague aussi secrète que redoutable, cachée derrière une petite île au large de Lampaul-Ploudalmézeau, à 30 kilomètres de Brest. Elle tient des contes et des légendes chers à la Bretagne : difficile à approcher, avec le risque de faire demi-tour si les conditions ne sont pas réunies...

Plutôt un fief de voileux, la Bretagne s'affirme comme l'autre pays du surf

C'est l'été, prenons plutôt la route du sud, vers la presqu'île de Quiberon, dans le Morbihan. La rive orientale y procure des vagues de qualité faciles à prendre, tandis que la côte sauvage offre un bon shore break aux meilleurs riders. De là, on embarque à bord du ferry pour Belle-Île-en-Mer, direction la plage de Donnant.« Nous sommes sur un site "magnet", comme un aimant qui, orienté plein ouest, capte les moindres houles et a souvent des vagues plus hautes que le long du continent », explique Grégory Stephant, fondateur de l'école de surf Ty School en 2006. Sur le spot idéal pour un dernier set entre les falaises du far-ouest français...

Slow Aventure
La semaine prochaine, pour le dernier épisode de notre série (à retrouver dansSlow Aventure, paru aux éditions Arthaud), découvrez une session d'urbex à Marseille.

Au sommet des vagues, vers la Presqu'île de Crozon (Crédits : © LTD / Gregory MIGNARD/CRTB)

Locquirec (Crédits : © LTD / NICOLAS DEQUIN/CRTB)